Voyage de Bénito à Skikda mai 2010


Devant le musée

Bénito devant le musée de Skikda


Chers amis,
Comme beaucoup d’entre nous Bénito Pandolfo, natif de Philippeville, a voulu retrouver sa terre natale. Revoir sa ville, sa rue, sa maison, son école, et, peut-être, également des amis d’enfance. C’était sont principal objectif.
Comment a-t’il vécu ce retour aux sources ? Quel est son sentiment ? Vous le saurez en prenant connaissance, ci-après, du récit qu’il vous livre de son voyage à Skikda effectué en mai 2010.
Je vous souhaite une bonne lecture et vous suggère de laisser, à la suite de son récit, un commentaire pour le cas où vous souhaiteriez en savoir davantage ; il se fera, à coup sûr un plaisir d’y répondre.
Bien amicalement

Jacky

Bonjour à tous,
J’ai longtemps réfléchi avant d’effectuer ce voyage à Philippeville. J’avoue que j’avais un peu peur de ce que j’allais trouver là-bas. D’autant plus que j’étais seul, et que mon épouse a refusé de m’accompagner. Elle est Marseillaise. Je pris l’avion à Marseille Marignane ? Une heure et demie plus tard me voilà à Bône. J’étais très ému en posant le pied à terre. Emu comme un jeune amoureux lors d’un premier rendez-vous. Après quelques contrôles de routine (Douane et Police) me voilà à l’extérieur de l’aéroport. Je pris un taxi, qui me conduit en une heure et demie à Philippeville pour la modeste somme de 20 euros. L’arrivée fût pour moi un événement. Que de monde ! Le taxi traversa la rue principale. Quelle émotion de traverser la ville après tant d’années. Le centre ville n’a pas changé. Les arcades, la Place Marqué, les rues en pente. De nombreux taxis sillonnent la ville sans interruption. Me voilà arrivé à l’hôtel  » Le Terminus  » mon ami et guide SID Salah, m’attendait de pied ferme. Toutes les personnes à qui j’ai été présenté m’ont toutes posé la même question: Pourquoi êtes-vous partis ? Fallait rester Dés votre départ plus rien ne marchait ici. Tout allait de travers. Il a fallu des années avant que toute marche. J’ai revu ma maison, elle était toujours debout et intacte. Les nouveaux locataires m’ont permis de la visiter. J’ai pleuré comme un enfant. Les personnes présentes étaient aussi émues que moi. J’ai revu mon école (écoles des frères), le Directeur de l’établissement m’a fait visiter les lieux, alors que des élèves étaient présents, passant des examens. Bien sûr, j’ai eu quelques déceptions, mais je ne les citerai pas. Une chose est certaine, les Algériens sont très accueillants, aimables et courtois. Je n’ai pas pu honorer toutes les invitations que j’ai reçues. J’ai pu visiter, la Mairie, la Banque centrale (ex Banque d’Algérie), le port, la Poste, le Musée Rusicade, l’académie de musique. Un photographe du Musée m’a suivi pendant deux jours me photographiant sur tous les angles. Il en a fait 3 DVD, qu’il m’a offert le jour de mon départ.  » Un Philippevillois à Skikda  » J’ai été si ému, que j’ai versé une larme. Je ne m’attendais pas à un tel accueil, je suis heureux d’avoir effectué ce voyage. Je me suis promis d’y retourner l’année prochaine.
Bien amicalement à tous ?
Bénito PANDOLFO.

Vous pouvez prendre connaissance des photos de ce voyage en cliquant sur le lien ci-dessous :

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Voyage de Claude à Skikda septembre 2010


Chers amis,
Vous trouverez, ci-après, le récit du voyage que Claude vient d’effectuer à Skikda.
Il est émouvant et rempli d’émotions.
Vous pouvez laisser vos commentaires à la suite de ce billet il vous en sera à coup sùr très reconnaissant.
Bonne lecture
A bientôt
Amitiés
Jacky

Philippeville, qu’es tu de venue ??

Ce dernier voyage dans ma ville natale a marqué la fin de mes illusions, si tant est qu’il m’en restait…
Arrivé dans la rue où je suis né, la rue de Paris, qui avait conservé jusqu’à présent son caractère, quelle a été ma surprise de découvrir, à la place du coquet jardin où ma mère cultivait fleurs et légumes, où nous cueillions mandarines, nèfles, figues ou amandes, un immeuble de plusieurs étages qui cache ma maison natale qui n’existe plus !! Le choc est dur à digérer et j’avoue que je n’ai pu retenir mes larmes. Cela aura quand même quelque chose de positif: ça m’a permis de faire mon deuil !
Ajoutez à cela une ville en pleine décadence: des immeubles entiers ont disparu, laissant la place à des terrains vagues couverts d’immondices et de gravats, les trottoirs sont défoncés; des fils électriques pendent un peu partout…Une misère ! Pourquoi ? Pourquoi avoir ruiné un patrimoine qu’il suffisait simplement d’entretenir ? Je suis un peu brutal peut-être, mais je suis objectif; si cela pouvait au moins servir à quelque chose !!
Ce constat doit quand même être tempéré par l’accueil que nous avons reçu, toujours aussi chaud et chaleureux, par l’excellence de la cuisine, en particulier celle de « Mamma Louisa » au phare de Stora, où nous avons dégusté entre autres crevettes , rougets grillés ou spaghettis au calmar, un délicieux couscous au mérou, par la sympathique réception à l’hôtel El Massir, à Stora, un établissement très correct au personnel accueillant et prévenant
Je retournerai peut-être à Phville, mais pour passer une semaine de vacances à Jeanne-d’Arc ou Stora, les pieds dans l’eau. Mais je ne remonterai jamais rue de Paris, où mon passé est à jamais disparu.

Claude Stefanini

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Le cyclisme à Philippeville et en Algérie dans les années 50


Dans un pays où le football était roi personne, à sa naissance dans les années 50, n’aurait imaginé que le cyclisme allait prendre une dimension internationale par le biais de la naissance du «Tour d’Algérie de cyclisme».
Cette vidéo que j’ai réalisée avec le précieux concours de mon ami Claude doit servir d’exemple à nos jeunes d’aujourd’hui. A cette époque, beaucoup plus que de nos jours, les organismes étaient mis à rude épreuve, et la logistique, des plus « sommaire » et pourtant à force de courage, de sacrifices et de volonté nombreux sont ceux qui ont tenu la dragée haute aux plus grands.
Bien amicalement


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Zelasco (Alger 4-11-1951)

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Bonjour tout le monde !


Pour des raisons techniques Skikdamag a migré vers WordPress.com. Ce n’est pas de gaieté de coeur mais nous y étions contraints faute de quoi votre blog aurait dû quitter définitivement la toile. Nous essayerons de continuer à vous faire vivre de bons moments en vous rappelant de biens bons souvenirs.

Dans l’attente de quelques améliorations vous pouvez toujours vous rendre sur le site secondaire de skikdamag dont voici l’URL :

http://skikdamag.blog.club-corsica.com/

Bien amicalement

Vidéo et diaporama à paraître prochainement :

Bande annonce en avant première

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Lettre à mes amis français de France


Notre ami Roger ATTARD nous fait parvenir la remarquable lettre suivante que SKIKDAMAG se fait un plaisir de vous faire partager….

LETTRE A MES AMIS FRANÇAIS DE FRANCE

Par

 Guy Bezzina

"A quelques encablures de mes 70 ans, à un âge où les souvenirs se déclinent plus aisément que les projets et après avoir épuisé mes capacités de silence, je ressens le besoin d’éclairer un malentendu. En 35 ans de vie professionnelle, j’ai travaillé avec vous, milité avec vous, partagé quelques succès et quelques épreuves, communié aux mêmes valeurs, au même humanisme. J’ai bu à la coupe de ce bonheur de vivre en France, de s’étonner de ses richesses, de se pénétrer des mêmes émotions, au point que j’avais fini par oublier que j’étais né sur une autre rive, de parents venus d’ailleurs et de grands-parents à l’accent impossible d’une Île de la Méditerranée. Je m’étais cru Français comme vous et j’avais cru achever ce travail de deuil commun à tous les exilés du monde. Et puis, depuis quelques mois, des maisons d’édition ont fait pleuvoir témoignages et réflexions sur la guerre d’Algérie. Les chaînes de télévision et les radios ont commenté les ouvrages et refait l’Histoire de 134 ans de présence française en Algérie. Avec une étonnante convergence de vues, la plupart ont révélé, sur cette période, une vision singulièrement sinistre. J’ai revu l’histoire de ma patrie, l’Algérie Française, travestie ou défigurée en quelques propositions caricaturales :

«La présence de la France en Algérie fut de tout temps illégitime»
«Les Français d’Algérie ont exploité les Arabes et ont volé leurs terres»
«Les soldats français ont torturé des patriotes qui libéraient leur pays»
«Certains Français ont eu raison d’aider les fellaghas à combattre l’armée française et peuvent s’enorgueillir aujourd’hui d’avoir contribué à la libération de l’Algérie»."

Alors, j’ai compris que personne ne pouvait comprendre un pays et un peuple s’il n’avait d’abord appris à l’aimer… et vous n’avez jamais aimé "notre Algérie" !
Alors, j’ai compris pourquoi vous changiez de conversation quand j’affirmais mon origine "
pied noir" ; j’ai compris que l’exode arménien ou l’exode juif vous avait touchés mais que notre exil vous avait laissés indifférents. J’ai compris pourquoi les maquisards qui se battaient pour libérer la France envahie étaient des héros, mais pourquoi des officiers qui refusaient d’abandonner ce morceau de France et les Arabes entraînés à nos côtés, étaient traités de putschistes. J’ai compris pourquoi des mots comme "colon
" avaient été vidés de leur noblesse et pourquoi, dans votre esprit et dans votre langage, la colonisation avait laissé place au colonialisme.
Même des Français de France comme vous, tués au combat, n’ont pas eu droit, dans la mémoire collective, à la même évocation que les Poilus ou les Résistants, parce qu’ils furent engagés dans une "
sale guerre" ! Sans doute, même si leur sacrifice fut aussi noble et digne de mémoire, est-il plus facile de célébrer des héros vainqueurs que des soldats morts pour rien. Dans un manichéisme grotesque, tout ce qui avait contribué à défendre la France était héroïque ; tout ce qui avait contribué à conserver et à défendre notre pays pour continuer à y vivre, était criminel… «Vérité en deçà de la Méditerranée ; erreur au-delà !
 » Vous si prolixes pour dénoncer les tortures et les exactions de l’armée française au cours des dix dernières années, vous êtes devenus amnésiques sur les massacres et les tortures infligés par les fellaghas à nos compatriotes européens et musulmans. Vous ne trouvez rien à dire sur l’œuvre française en Algérie pendant 130 ans. Pas un livre, pas une émission de télévision ou de radio, rien ! Les fictions même s’affligent des mêmes clichés de Français arrogants et de Musulmans opprimés.
Ce qui est singulier dans le débat sur l’Algérie et sur la guerre qui a marqué la fin de la période française, c’est que ceux qui en parlent, en parlent en étrangers comme d’une terre étrangère. Disséquer le cadavre de l’Algérie leur est un exercice clinique que journalistes, commentateurs et professeurs d’université réalisent avec la froide indifférence de l’étranger.
Personne ne pense qu’un million de femmes et d’hommes n’ont connu et aimé que cette terre où ils sont nés. Personne n’ose rappeler qu’ils ont été arrachés à leur véritable patrie et déportés en exil sur une terre souvent inconnue et souvent hostile … Quand certains intellectuels français se prévalent d’avoir aidé le FLN, personne ne les accuse d’avoir armé les bras des égorgeurs de Français …
Cette terre vous brûle la mémoire et le cœur …  ou plutôt la mauvaise conscience  d’avoir bradé, dans la débâcle et le gâchis l’œuvre de plusieurs générations de Français vous rend injustes, amnésiques, sélectifs dans vos évocations ou pire falsificateurs ! Je n’ai pas choisi de naître Français sur une terre que mes maîtres français m’ont appris à aimer comme un morceau de la France. Mais, même si "
mon Algérie
" n’est plus, il est trop tard, aujourd’hui, pour que cette terre me devienne étrangère et ne soit plus la terre de mes parents, ma patrie.
J’attends de vous amis français, que vous respectiez mon Histoire même si vous refusez qu’elle soit aussi votre Histoire. Je n’attends de vous aucune complaisance mais le respect d’une Histoire dans la lumière de son époque et de ses valeurs, dans la vérité de ses réalisations matérielles, intellectuelles et humaines, dans la subtilité de ses relations sociales, dans la richesse et la diversité de son œuvre et de ses cultures. J’attends que vous respectiez la mémoire de tous ceux que j’ai laissé là-bas et dont la vie fut faite de travail, d’abnégation et parfois même d’héroïsme. J’attends que vous traitiez avec une égale dignité et une égale exigence d’objectivité et de rigueur, un égal souci de vérité et de justice, l’Histoire de la France d’en deçà et d’au delà de la Méditerranée.

Alors, il me sera peut-être permis de mourir dans ce coin de France en m’y sentant aussi chez moi … enfin !"

                                                                                                          Guy Bezzina

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GUERMECH ! ou Gourmandises de mon enfance


Notre compatriote, Gérard Boutonné, nous crédite de ce délicieux récit  rempli des couleurs et odeurs  de là-bas.

Merci à notre ami philippevillois

A consommer cependant avec modération

A bientôt

SkikdaMag

 

GUERMECH ! GUERMECH !

GOURMANDISES DE MON ENFANCE

 

Pour une fois je vais déroger à ma règle en parlant de nourriture et gourmandise, (menteur, je suis sans cigogne, pardon sans vergogne dis-ai-je, menteur je reste pour mon plus grand plaisir

     et peut être le vôtre)

Ma sensibilité à la nourriture est telle qu’il m’arrive de produire un film dans ma tète au fur et à mesure d’une promenade, où les unes après les autres, les odeurs qui flottent dans l’air titillent mes narines. Je vais essayer de vous faire partager ma dernière balade à pied bien sur et en ville, ou plutôt non j’ai mieux, je préfère la spontanéité de mes jeunes années.

Prenons au hasard un jeudi il est 13h, j’ai une réunion avec les Scouts de France à 13h30 « Maman je m’en vais ! Va mon fils et n’oublie pas le paquet pour Monsieur le curé ! D’accord ! » Première odeur, un reste de parfum de vanille qui traîne du côté de la cuisine, nous avons eu un bon dessert aujourd’hui : un baba au rhum avec une crème semi-liquide dont ma mère avait le secret. C’est déjà un souvenir. Je sors de la maison, descend la rue Peschart- d’Ambly, et là au coin je suis assailli par, sortant du « HRANOUT » des odeurs d’épices mélangées, avec une prépondérance du cumin, les images afflues : montagne de couscous fumant, pois chiches grassouillets et colorés par le poivre rouge, mais aussi du clou de girofle ( saucisse de sanglier, fromage de tête) de la menthe fraîche avec du thé et quelques arachides grillées, partagés à 4h assis par terre avec les trieurs de dattes.

La vue d’une GUERBA pleine de dattes écrasées (merci aux Arabo spécialistes de me confirmer ce mot, c’est aussi une réserve d’eau portée par les chameaux et autres équidés.) me donnent des idées de gâteaux, je ralentis le pas pour évoquer la foultitude de possibilité de recettes que l’on peut réaliser avec ces dattes, c’est fou ! Je n’ai parcouru que 40 m à peu près, il faut continuer, je tourne une dernière fois la tête…malheur, les bocaux au fond du magasin, rouge vert rose violet, les bonbons faits main au fond de la cour par la Fatma de service, berlingot vert et rouge torsadé enfilé sur un bâton, œuf énorme composé de 10 20 30 couches de sucre multicolore superposé, il fallait au moins 2h pour en arriver au bout ! Les boites et les tubes de poudre de coco, les ronds de réglisse avec la bille bonbon au centre ! Mais voilà une odeur plus forte : celle de l’huile d’olive, tellement puissante que ma mère la coupait moitié-moitié avec de l’huile « sans goût »

Marche, marche il faut continuer, un moment distrait par le théâtre romain et sa cour où quand la chance me souriait je pouvais apercevoir les filles du collège Maupas en pleine séance de sport en petite tenue, mais là c’était surtout l’instinct du futur Mâle qui me faisait regarder j’avais d’autres idées en tête en ce moment : le Scoutisme, à condition d’arriver à l’heure. La rue Scipion n’offrait que des relents de cuisine rance et savon mélangé, sorte d’eau de vaisselle, je me suis toujours demandé pourquoi cette rue sentait mauvais ? Sauf en haut de l’escalier qui passait devant les bains maures où les odeurs agréables reprenaient.

Il y avait là très souvent un marchand ambulant qui selon les saisons offrait en été des figues de barbarie bien fraîches, et pour ça il les arrosait souvent d’eau qui en s’évaporant, tout le monde le sait, produit du froid ; 5fr les 6, coupées et présentées sans épine que je dégustais au retour car pour le moment j’avais fait le plein. Pour les autres saisons il vendait des bonbons, des gâteaux mais aussi des pétards dont j’étais amateur en particulier une « bombe » 2cm/3cm qu’il fallait jeter sur le sol pour quelle explose. Avec mon frère et les copains on faisait mieux contre un mur, derrière lequel il y avait une femme que l’on faisait sursauter et sortir sur son balcon pour nous engueuler abondamment, et

Pour cela on se servait d’une TAOUATE, lance pierre, tire

boulette, comme vous voulez.

Devant les bains maures les odeurs agréables reprenaient, café, thé à la menthe, vite effacée par l’odeur de la place Victor Hugo, fumée d’automobile arrivant de la rue en pente débouchant devant le lycée de jeunes filles. J’aurais dû sentir la rose et le jasmin par leur présence féminine ? Et bien non ça sent rien les filles ! (plus tard, vivons le présent l’avenir nous appartient)

Arrive la rue Gambetta. Le film continue en passant devant le dépanneur de poste radio, odeur de soudure, de caoutchouc et de petits gâteaux aux anis que je recevais chaque fois que je m’arrêtais chez lui, son nom m’échappe mais pas son béret toujours posé sur le comptoir. Il y avait quatre marches à descendre pour entrer dans son magasin, voilà simple souvenir. Puis venait le torréfacteur aux mille senteurs de café grillé ; plus bas le boulanger avec ses odeurs de pizzes  chaudes et autres fougasses, dans le fond du magasin il y avait stocké pour l’hiver une quantité incroyable de tomates, la plante entière était suspendue au plafond en attente de la prochaine pizze.

Continue mon fils ! Je passe devant la boutique enterrée du marchand de tabac à l’odeur pas encore alléchante, ça allait venir un peu plus tard. Le vendeur était installé debout en contre bas, sur les marches d’une cave, et les paquets de cigarettes accrochés sur les deux portes et sur l’épaisseur du mur, curieuse boutique ! En passant sous les arcades  c’est l’odeur de la limonade qui dominait devant les cafés, et même un mélange de bière et gazouze. Vite je traversais la rue Georges Clemenceau  j’arrivais au square de l’église où se trouvait dans un angle un bien sympathique bonhomme à la dent d’or que l’on voyait à cause d’un bec de lièvre pas soigné. Il vendait, entre autre, sommet de la gastronomie enfantine, des cacahuètes (en réalité des arachides, fruits de la cacahuète) chaudes car il y avait un kanoun en dessous. Jamais je n’ai revu un autre marchand vendant des cacahuètes chaudes, avec sa spatule il tournait et remuait dans un bruit agréable en criant : GUERMECH ! GUERMECH! KAOUKAOU GUERMECH ! Ca me faisait rêver et saliver.

Le reste du trajet, un bout de la 60ème de Ligne était complètement neutre et inintéressante et me ramenait à la réalité derrière le presbytère « n’oublie pas M le Curé, disait la voix de ma mère » avant d’arriver au local où les scouts se réunissaient pour préparer les futures sorties et le camp de l’été.

Le film se terminait brutalement à mon goût, enfin un épisode, car ma gourmandise permanente à continué et continue encore. C’est une véritable obsession, passion, l’odeur, le goût et l’évolution de ma gastronomie n’est pas celle de l’assiette vide de certains grands chefs actuels, que l’on montre à la télé, en train d’essuyer le bord de l’assiette, toujours avec le même torchon avant de la donner au serveur.

Ma recherche permanente m’a amené récemment à écrire à un scientifique de la gastronomie, du laboratoire de chimie des interactions moléculaires du collège de France. C’est M. H. This, un maboul comme moi qui passe son temps, entre autre, à expliquer le pourquoi d’une recette d’une astuce de cuisine. C’est un véritable passionné à qui j’ai posé récemment une question sur la façon de faire le café quand j’étais en camp scout. Une fois le café infusé dans la bassine sur le feu de bois, les chefs nous avaient expliqué qu’il fallait tremper un bâton de braise dans la bassine pour faire descendre le marc au fond. Méthode que j’ai retrouvée dans une partie de l’Ardèche mais toujours sans explication. La réponse du scientifique a été : la braise n’accélère pas la précipitation du marc, par contre il semble, ce qui reste à confirmer, que cela adoucisse l’amertume du café.

Guermech ! Guermech ! Elles sont chaudes mes cacahuètes, qu’ils sont bons mes souvenirs de gâteaux européens-arabisés comme les mille feuilles aux couleurs criardes, mais au goût délicieux, qu’ils sont bons les zlabias, makroudes, ftaires, cornes de gazelle, mantécao, arrosés d’un thé chaud ambulant avec kanoun incorporé… un rêve.

La passion est toujours excessive. J’ai eu la sagesse de ne jamais développer les films de mes gourmandises, je les ai simplement gardés comme de très grands souvenirs en moi (voyez bien ! Qu’il y a autre chose que la nourriture terrestre qui me constitue ?

J’embrasse les filles pas encore les garçons, mais surtout

Je suis heureux de vous savoir en vie puisque vous me lisez

Bouns.

                       Gérard Boutonné

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L’Algérie de 1830 à 1962 (l’oeuvre française)


Si vous souhaitez connaître la véritable histoire de l’Algérie de 1830 à 1962  skikdamag vous invite à cliquer sur ce lien :
A bientôt
Amitiés
Jacky
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Mekki, la fourche et le bourricot


Mekki, la fourche et
le bourricot

 

Il est des familles qui ne ressemblent pas aux autres soit par l’opulence dans laquelle elles vivent des sagas célèbres, soit par l’adversité qui les poursuit.

Celle qui a laissé des souvenirs exquis aux Auribeaudois était une famille flamboyante à l’histoire pittoresque qui avait vécu pendant les années difficiles d’avant et d’après-guerre: il s’agit de la famille de Dehbia dont l’époux Mekki T. était une personne d’une rare bonhomie, accumulant aussi les maladresses ; il était accroc au tabac à priser qu’il humait, en marquant un temps d’arrêt, par petites pincées  dans ses narines ; des filets jaunâtres de tabac  suintaient du nez, jaunissant une moustache drue déjà rousse. Un jour que le battage du blé se déroulait au bas du village dans le ronronnement continu du tracteur entraînant la mythique batteuse, Mekki occupait le poste d’engreneur sur le plateau supérieur de la machine. Après une journée harassante de gestes répétitifs à manier la fourche aux  trois griffes pointues servant à engrener les gerbes de blé envoyées par plusieurs ouvriers au sol, Mekki , lassé par la tâche et étourdi par le soleil de l’été, n’avait pas trouvé mieux que de jeter l’outil à terre du haut de son perchoir, sans se soucier où il allait atterrir. Le sort avait voulu que la fourche lancée d’une hauteur de trois mètres vienne se planter dans la tête d’un autre Auribeaudois non moins exotique, Med Belkhodja G, collectionnant lui aussi les gags avec sa démarche alerte évoquant celle de Charly Chaplin. Croyant l’outil  fiché dans son crâne et attendant un quelconque écoulement de sang ou de cervelle, il avait saisi et maintenu en l’air à la verticale  avec ses deux  mains  le manche de la fourche ; aux ouvriers qui étaient accouru  pour l’aider à se débarrasser de l’outil   ridiculement planté dans le crâne, Belkhodja a opposé une farouche résistance, en vociférant que son cerveau risquait de sortir par les trous des blessures . Devant le tollé général déclenché par cette situation comique et les inepties qu’il proférait, la foule a pu le convaincre, avec adresse et insistance, qu’ils allaient colmater les blessures par les lambeaux du chèche qu’il portait en permanence et dont il ne se séparait que pour dormir… Des trous dans le crâne il n’y en avait point…: la bonne étoile de Belkhodja l’avait protégé ce jour-là: sous les  circonvolutions du  chèche il portait une chéchia, tressée à la main avec de solides cordelettes de laine, destinée, à se prémunir de la chaleur et du froid ; elle lui avait sauvé la vie  en stoppant les pointes de la fourche. Ne l’entendant pas comme ça, non content de l’issue heureuse de l’accident, l’adrénaline à son plus haut point, il ramasse calmement la fourche qui avait failli l’emporter ; comme un félin il s’est hissé au haut du plateau où Mekki  était resté,  hagard,  pour lui asséner une volée de coups de fourche  devant une assistance hilare. Le malheureux et doux Mekki ne faisait qu’esquiver les coups en courbant le dos jusqu’à la rupture du manche et la fin de la « punition ».  Mekki  avait possédé aussi  une fidèle ânesse attelée à une branlante charrette qu’il utilisait, moyennant de modiques sommes d’argent ou paiement en nature, pour transporter des denrées : blé ou  orge aux moulins du village, semences aux champs, ou effectuer des petits déménagements. A l’usure des aller et venues entre le village, les mechtas plus éloignées vers Oued-Mechakel  et les champs, l’animal avait décidé
de « rendre le tablier », un soir au retour vers le  bercail , en refusant d’avancer devant des passants étonnés par cette soudaine volte-face, elle avait planté ses quatre pattes dans l’asphalte au milieu de la route à l’intersection des routes menant vers Bône et Guelma, fort heureusement peu fréquentée par les engins motorisés rares en ce temps-là,  et refusait d’avancer malgré les coups que lui assénait de plus en plus violemment son maître ; tantôt la poussant par la croupe, tantôt la tirant par la bride, rien n’y faisait ; l’entêté animal avait décidé d’en finir avec cette vie de dur labeur et d’éternelle  exploitée  en se révoltant à sa manière. Devant la soudaine réticence  de son alliée des durs travaux de la campagne, voyant tous ses modestes  projets s’évanouir et l’espoir de nourrir sa famille menacé, Mekki. hors de lui, perdant  patience, et taquiné par les badauds, avait asséné un violent coup de tête à l’ânesse qui ne cilla pas mais du sang colora le poil gris de la tête de la bête ; croyant l’avoir blessée, Mekki la menaçait maintenant de lui ouvrir le crâne si elle ne s’exécutait pas … ne sachant pas dans sa légendaire naïveté que le sang provenait de la blessure qu’il s’était faite lui-même au front en cognant sur la tête de l’ânesse, bien plus dure que la sienne.

Les Auribeaudois se souviennent de Mekki, ils se remémorent souvent sa dernière maladresse qui lui avait coûté cette fois  la vie: lorsqu’il était employé à la cave coopérative face à la gare et un peu en retrait, par une de ces torrides journées d’été, au moment des vendanges, il s’était introduit par la trappe inférieure dans une cuve à vin vide  pour savourer une sieste méritée au moment de la pause déjeuner; Mekki s’était allongé à même le sol frais de la cuve, ne sachant pas que c’était là son lit de mort, dans un linceul de gaz carbonique produit par la fermentation du marc de raisin  plus lourd que l’air qui s’était déposé au fond de la cuve et avait  été fatal à notre charmant compatriote.

Depuis, c’est en se remémorant inlassablement  ces histoires vécues du temps passé que les Auribeaudois égrènent les souvenirs d’une époque certes dure à vivre pour toutes les communautés, mais heureuse dans cette insouciante ambiance qui régnait dans notre magique petit village. Sans le savoir et sans le vouloir les petites gens de cette époque vivaient selon la devise « carpe diem » ; profiter  du jour présent sans se soucier du lendemain, une façon de vivre que les échoués des temps modernes envient certainement…
Amor MOUAS,  enfant d’Auribeau

A
suivre

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DRAGUIGNAN la CATA…


Chers amis,

Draguignan panse ses plaies ! C’est terrible ce qui vient de se produire ça l’est encore davantage lorsque des compatriotes, des amis, ont subi de plein fouet les caprices de la nature.

Mon ami Gilles REYNAUD (Philippevillois) ainsi que sa famille font partie des nombreux sinistrés.

Je vous invite à prendre connaissance du message qu’il vient de m’adresser, ainsi qu’à ses proches amis. Vous pouvez lui apporter votre soutien en laissant un commentaire, à son intention, à la suite de son message ; il en a besoin …

Amitiés

Jacky

 

Bien chers vous toutes et tous,

Je retouche au clavier après ces 5 jours post-Cata. Merci à vous ; ça fait du bien d’avoir ce chaleureux contact. 

Effectivement, vague de plein fouet surtout chez mon fils qui habite une vieille maison de campagne en bordure de la redoutable Nartuby à DRAGUIGNAN. Il a vu passer dans le flot plusieurs cars de transports scolaires (heureusement vides !) et autres faisant la course dans le torrent qui a traversé le parc de stationnement sur son terrain. Si l’un d’eux avait percuté sa maison, Eric et sa femme  ne seraient plus de ce monde ; il a perdu certes tout son mobilier mais surtout son outil de travail (artisan) : ses remorques, son camion-outillage, ses bétonnières … tout cela à la rivière à plusieurs dizaines voire centaines de mètres  du lieu de stationnement ; Il est ruiné ! Malgré la déclaration de Catastrophe Naturelle. Il laissera beaucoup de plumes d’autant qu’il devra rester sans aucune activité durant une longue période, le temps de  tenter de se reconstituer.

Et que de morts dans les maisons, dans les voitures, dans les torrents ! Quel désastre, quelle misère !

Personnellement, dans mon quartier, l’eau étant montée comme dans une cuvette dont l’alimentation se fait par le fond (écoulement du pluvial engorgé), le niveau a atteint la hauteur de 2,10 m. Rez-de-chaussée (des morts chez nos voisins de quartier), cave et garage inondés (rien dans l’appartement que nous occupons au 2ème étage). Remercions le Ciel de nous retrouver encore en vie.

Côté dégâts personnels, plus aucun de mes 2 véhicules en état. On serait à pied si un de mes camarades ne m’avait pas prêté un de ses véhicules. Que de problèmes à résoudre ! Pour nous en ville, le téléphone a été rétabli dans les 48 h. L’électricité  semble être définitivement revenue ce soir après de multiples faux espoirs (à + 5 jours) ; l’eau du réseau est de nouveau potable depuis ce soir ; reste l’alimentation à pourvoir et l’installation de centaines de bennes pour collecter les milliers de mètres cubes de détritus de fond de cave et autres s’amoncelant de partout dans les quartiers touchés de la ville et qui vont atteindre la putréfaction.

Voilà donc les dernières nouvelles du front.

Vous renouvelant toute notre gratitude et vous espérant toutes et tous en pleine santé, recevez nos bien grosses bises,

            Gilles Reynaud
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Le MÛRIER le LORIOT et le VER à SOIE


Il vous l’avait promis alors voici un nouveau récit d’Amor ; souvenez-vous des feuilles de murier, des vers à soie et des cocons… c’était le bon temps, c’était là-bas …

Bonne lecture

A bientôt

Bien amicalement

SkikdaMag

P.S :

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Le   MÛRIER   le  LORIOT  et  le  VER  à  SOIE

 

 

Dans l’enclos de notre Ecole il y avait  quelques arbres qui ornaient les lieux et rendaient ombre et fraîcheur à l’approche de l’été : devant la porte d’entrée, en retrait à gauche, se dressait un énorme frêne; trois acacias côté buanderie et un mûrier côté préau: des mûriers à Auribeau, il n’y en avait guère que quelques spécimens disséminés ça et là. Le plus fameux d’entre eux trônait dans la cour de l’Ecole; il est devenu avec les ans un arbre majestueux au feuillage fourni donnant à la saison d’exquises mûres que se disputaient les élèves, les oiseaux : incontournables moineaux,  mésanges charbonnières, insectes de toutes sortes: abeilles ou frelons, papillons, et… d’autres visiteurs venus à la cueillette. Quant  à nous, nous ramassions à même le sol des poignées de ces fruits juteux pour les avaler goulûment sans même les laver comme nous le recommandait notre Maître.

Un jour notre vénérable et regretté Maître, M. Lucien  Maldent, ne comprit pas le soudain silence qui s’était abattu dans la classe et de surcroît  les élèves des quatre rangées avaient la tête tournée vers les deux fenêtres qui donnaient sur le mûrier, les yeux écarquillés, ébahis.

 Pour satisfaire notre curiosité et en son for intérieur certainement la sienne , le maître  s’est approché à petit pas vers une baie pour déceler l’objet de notre attention ; il n’a pas eu de peine à distinguer , sautillant de branche en branche en se gavant de mûres, un hôte inhabituel, un oiseau de la taille d’un merle  aux couleurs vives , où dominait un jaune éclatant pour le corps , des ailes noires et un bec rouge pâle ; « C’est un Loriot »

 S’exclama épanoui M. Maldent avec un sourire satisfait d’avoir donné une réponse claire à notre soudaine curiosité. Notre Maître s’est distrait un instant de son cours pour nous expliquer que le Loriot est un timide oiseau migrateur des bois de nos contrées  qui vit de baies, de myrtes, d’arbouses et de fruits, et ne s’aventure que rarement parmi les hommes.

Après avoir longtemps festoyé en se gavant de mûres, il s’est évanoui dans les airs en entendant le brouhaha et les clameurs de la classe sortant en récréation. Ce jour là et longtemps après, beaucoup parmi nous guettaient  inlassablement le retour du Loriot, mais c’était comme un rêve qui s’évanouit au réveil ; on n’a jamais plus revu de si bel oiseau même dans la campagne ou les bois alentour.

 Un autre jour , quelle n’a pas été notre surprise de voir quelques grands de la classe déballer, avec l’assentiment de M. Maldent, de petites boîtes de cartons et des boîtes d’allumettes trouées sur les côtés et le dessus, pour en sortir de frêles chenilles se tortillant auxquelles ils avaient donné des feuilles de mûrier à dévorer. N’ayant jamais eu l’occasion de trouver cette créature dans la nature, elle nous inspirait de la curiosité et  un peu d’effroi en la voyant grossir l’espace de quelques semaines après avoir ingurgité toutes les feuilles mises dans les boîtes. M  Maldent avait autorisé la veille les élèves qui s’amusaient à élever des vers à soie,  à les ramener en classe pour en  faire profiter tous les élèves en  donnant une leçon de choses  sur le cycle du bombyx du mûrier , un papillon discret ne vivant que dans les mûriers ; des œufs qu’il  pondra sortira cette chenille qui allait grossir démesurément en quelques semaines pour devenir une rebutante chenille  qui allait muer et se transformer en chrysalide en s’entourant  d’un cocon que l’on trempait  dans de l’eau chaude pour en dévider le célèbre fil de soie qui allait donner un tissu léger et doux (lahrir) pour  habiller les dames les jours de fête et constituer le trousseau des jeunes mariées.

 A travers cet exemple qui n’était pas unique, les leçons de choses étaient, autrefois, complétées par des sorties éducatives dans la nature ou les lieux de travail, afin d’inculquer des notions pratiques et durables  qui ont façonné nos cerveaux, notre perception et notre amour  des êtres et des choses.

Nourrie à cette éducation, inspirant et  initiant des mouvements actifs à travers le monde pour préserver notre maison, la fragile planète terre, notre génération est à l’avant-garde d’un combat méritoire mais combien dérisoire devant les forces destructrices qui accompagnent sournoisement le progrès.     

 

                               Amor MOUAS,   Enfant d’AURIBEAU

                                                                            A suivre …

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