L’aurions-nous oublié ? Avait-il au moins un nom ? Probablement.

A l’époque, nous étions les gamins issus de la fin de la Guerre 39/45 et nous lui attribuâmes ce nom en raison de la marchandise qu’i vendait dans la rue.

L’homme.

Imaginez un petit bonhomme ; certes, pas un nain, mais un homme âgé (faudrait-il dire un senior) ployé en S par le poids de son éventaire : une énorme caisse dont les courroies lui sciaient les épaules et surtout le poids des années qui tombaient sur lui. D’où puisait-il son courage pour hanter les rues du Béni-Melek, ce quartier un peu désolé puisque en bordure de Philippeville, voisin
des abattoirs et d’une usine à gaz débitant aussi l’électricité.

Pour nos loisirs, non loin de l’immeuble où nous vivions s’étendait le lit d’un oued desséché qui nous servait de terrain de foot. Le nom du quartier provenait sans doute d’un saint musulman ou d’un tribu qui occupa le site avant l’occupation romaine de Philippeville qui était Rusicada.

Son cri retentit encore dans nos mémoires et l’ami Claude s’en souvient encore avec le goût des kaldis à la pâte croustillante et délicieux en diable. L’entendez-vous ?

« Kaldis tout chauds ! A l’anchois et fromage, ça croque et c’est bon. » Refrain….

Paroles emportées par le vent du souvenir et la nostalgie du Béni-Melek, quartier réputé pour sa piété ; car Monsieur le curé aurait dit : « Béni soit le Melek et son saint nom »